Idée reçue n°1 :

« L'anarchie c'est le bordel ! »

Le bordel, vraiment ?… L’anarchie propose une organisation égalitaire basée sur la fédération et l’association. L’anarchie, c’est l’ordre, sans le pouvoir.

La société libertaire (anarchiste) se construit autour de mandats : des missions proposées par les populations à une ou des personnes : les mandaté·es. Le mandat est non cumulable, et chaque mandaté·e, révocable à tout moment, doit rendre compte de son mandat : le mandat n’est pas un pouvoir, mais une charge, garantie par le contrôle de tous.

Ces principes garantissent une organisation apaisée et juste de la société.

Idée reçue n°2 :

« L'anarchie... ça existe encore ?!! »

Oui !!! Les mouvements anarchistes n’attirent pas les faveurs des médias… sauf quand il s’agit de les caricaturer ! Et puis, par définition, aucun chefaillon charismatique n’est là pour prêcher la bonne parole anarchiste, ce qui laisse peu de place dans une société de l’information organisée autour des émissions de divertissement de la télé-poubelle… La pensée anarchiste est pourtant particulièrement vivace aujourd’hui, dans notre monde injuste où de plus en plus de gens prennent conscience qu’il est grand temps d’inventer une nouvelle société !

Idée reçue n°3 :

« L'anarchie c'est la violence »

Si nous refusons toute domination, c’est justement parce que celles-ci s’accompagnent invariablement de violences.

Au contraire, nous luttons contre toutes les formes de violence : physique, économique, raciste, sexiste, patriarcale ou homophobe, sociale, militaire, policière…

Et dans notre société ultra-violente, basée sur les inégalités, l’exploitation des uns par les autres, les exclusions et la répression souvent brutale de toute contestation, oui, nous sommes en lutte.

Et soyons clair : dans cette lutte, il n’y a pas de violence à nos yeux dans la dégradation d’un panneau publicitaire, d’une banque ou d’une agence immobilière : il n’y a qu’un juste retour de bâton.

Idée reçue n°4 :

« Ouais... C'est un truc de jeunes ça ! »

Ce poncif vise à discréditer le mouvement en insinuant que l’anarchie est une utopie romantique propre à séduire les cœurs tendres des adolescents.

Au-delà des slogans accrocheurs, la pensée anarchiste convoque une maturité dont aucun autre mouvement ne peut se prévaloir.

Et quand certains disent : « Quand on n’est pas anarchiste à 20 ans c’est qu’on n’a pas de cœur, mais quand on l’est encore à 50 c’est qu’on n’a pas de tête »… nous pensons, nous, que « Quand on n’est plus anarchiste à 50 ans c’est qu’on a renoncé à penser, par confort ou par paresse ».

Idée reçue n°5 :

« C'est bien beau tout ça... mais en vrai ça ne peut pas marcher »

Reléguer l’anarchisme au rang de rêve naïf est très facile… mais mensonger : la réalité regorge d’expériences libertaires réussies, historiques et contemporaines.

En vrai, on ne compte plus les AMAPS, entreprises autogérées ou coopératives qui mettent en pratique au quotidien le principe même de l’anarchie… et ça marche, même lorsqu’il s’agit d’entreprises internationales (Les mines de Tower en Grande Bretagne, Fagor, …)

En vrai, cela fonctionne aussi au niveau de villes entières, et même de régions : Saillans (Drome), Vandaucourt (Doubs) sont actuellement des communes autogérées, les « municipes autonomes » issues de la révolte du Chiapas (Mexique) sont elles aussi autogérées depuis plus de vingt ans, tout comme le Kurdistan occidental (Rojava).

Et l’histoire nous montre que cela fonctionne même à l’échelle d’un pays entier : l’Espagne républicaine a mené l’expérience d’une société anarchiste pendant trois années complètes de 1936 à 1939, tout en résistant à la mise en place de la dictature de Franco !

Et ça marche… en vrai !

Idée reçue n°6 :

« Les anarchistes ne croient en rien »

Les anarchistes ne croient pas, ils pensent.

Nous concevons l’avenir comme une aventure humain, et non comme un destin inexorable dicté par on ne sait quel magicien terrestre ou divin…

Nous pensons que l’humanité est capable de s’organiser en une société libre, solidaire, égalitaire et fraternelle.

Une société de respect du consensus, d’entraide, de culture, de proximité. Une société sans racisme, sans sexisme ni patriarcat, sans exploitation de l’autre, sans compétition.

C’est ça, croire en rien ?

Idée reçue n°7 :

« On ne peut pas faire fonctionner une société sans règles »

Qui a dit que l’absence de pouvoir signifiait l’absence de règles ?

Nous souhaitons une justice respectueuse des libertés de chacun : le préalable à un tel projet, c’est l’établissement de règles par le consentement mutuel.

Tant que les lois seront dictées par une poignée de souverains professionnels tous issus des mêmes écoles et du même milieu, la loi restera un instrument politique au service de ceux qui disposent déjà de tous les pouvoirs.

La première des justices, c’est le partage des décisions qui organisent nos vies communes.

Idée reçue n°8 :

« Les anarchistes c'est rien que des individualistes »

Nous ne sommes pas d’accord avec la maxime qui prétend que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Au contraire, nous pensons que « la liberté des uns ne peut s’étendre qu’avec celle des autres ».

C’est la société dans laquelle nous vivons qui impose l’individu comme un élément égoïste, et qui définit la liberté comme un espace individuel destiné à compenser l’énorme oppression qui encadre nos vies, et c’est aussi pour cela que nous voulons changer la société.

Nous proposons, nous, que la liberté soit un bien commun inaliénable à gérer ensemble au plus près des principes d’égalité, de justice, et de fraternité.

Idée reçue n°9 :

« L'anarchie c'est la loi de la jungle »

Oui… une jungle où personne n’exploite son semblable pour tirer profit de son travail ;
Une jungle où personne ne dirige le destin de tous simplement parce qu’il aura été un peu moins détesté que les autres candidats ;
Une jungle où la justice n’est pas dévouée corps et âme à une classe dirigeante ;
Une jungle qui s’organise elle-même, bien mieux qu’avec un bulletin de loterie ;
Une jungle où l’émancipation n’est pas un gros mot ;
Une jungle où la science, la culture et l’enseignement ne sont pas des outils industriels au service du patronat.

La jungle, la vraie, celle qui récompense les plus forts en écrasant les plus faibles, nous la vivons ici et maintenant.
Ne pas la combattre, c’est l’accepter un peu.

Idée reçue n°10 :

« Oui, mais les gens ne sont pas assez raisonnables pour l'anarchie »

Ce préjugé ressemble curieusement à l’argument des esclavagistes au 19ème siècle : « Oui, mais si on libère les esclaves, ils ne sauront jamais se débrouiller sans leurs maitres ! »

C’est sans doute l’une des plus grandes réussites des pseudo-démocraties qui nous dirigent : nous faire croire que nous ne sommes pas capables d’être autonomes, et que nous devrions, avant même de goûter à la liberté, en avoir peur.

La peur est l’instrument de coercition le plus puissant, elle légitime tous les abus.

Une société libre et anarchiste n’est pas une récompense à recevoir lorsqu’on en est digne : elle se construit jour après jour et s’enrichit de ses erreurs comme de ses succès, dans le respect de tous.

Nous, les anarchistes, nous sommes prêts